Tendances négatives pour les entreprises du bâtiment et de l’artisanat
En cette veille de 1er mai, la CAPEB et le Pôle Habitat FFB Grand Paris s'expriment de concert. “Dans l’indifférence générale, l’artisanat du bâtiment plonge dans une crise structurelle comme le redoutait la CAPEB” titre-t-on du côté de la CAPEB qui publie ce jour sa note de conjoncture du 1er semestre 2025 et confirme un recul de -5% du volume d’activité du secteur par rapport au premier trimestre 2024. Une baisse qui s'inscrit dans une tendance négative persistante depuis plus d'un an. De son côté, Marc GEDOUX, président du Pôle Habitat FFB Grand Paris lance un cri du cœur. “Immobilier : NON, tout ne va pas mieux !”. “Malgré les efforts très notables de notre Ministre, Madame Valérie Létard – que nous saluons – il est évident que les effets de ces décisions ne se feront sentir que dans plusieurs mois. D’ici là, 2025, et très probablement au moins tout le premier semestre 2026, vont être terribles, particulièrement dans le secteur du logement collectif. » continue-t-il.
Les chiffres du premier trimestre 2025 confirment ce que nous redoutions et cessons de prévenir depuis deux ans maintenant. Notre secteur s’enfonce dans une crise structurelle. Ce constat est d’autant plus inadmissible que nous avons agi en responsabilité en formulant de nombreuses propositions concrètes sans impact budgétaire pour l’Etat. Aucune n’a trouvé d’écho auprès du Gouvernement. Aujourd’hui, nous dénonçons la non -assistance dont a fait l’objet notre secteur. Cette indifférence à l’égard d’entreprises au cœur du dynamisme économique local, et des transitions environnementales et sociétales est coupable.»
La dégradation touche tous les segments du marché et l’ensemble des corps de métiers
Selon la note de conjoncture de la CAPEB publiée ce 30 avril 2025, tous les segments du marché souffrent. Le secteur de la construction neuve reste le plus touché et accuse le coup avec une baisse de 10 %, tandis que l’entretien-amélioration fléchit de 2 %. Les travaux de performance énergétique restent également en repli (-1,5 %), affectés par le gel temporaire des aides en début d’année.
Cette situation perdure malgré la baisse des taux et le reflux de l’inflation. L’emploi salarié dans les entreprises artisanales du BTP continue de se contracter (-3,2 % sur un an au quatrième trimestre 2024), et plus d’une entreprise sur cinq fait état de tensions de trésorerie et de besoins de financement, liés principalement à la baisse de l’activité (59%) et à l’allongement des délais de paiement de leurs clients (54%).
Toujours selon la CAPEB, l’activité recule pour l’ensemble des corps de métier, avec toutefois des intensités variables. “Les entreprises de couverture-plomberie-chauffage affichent un recul contenu (-3,5 %), alors que la maçonnerie reste particulièrement exposée (-6,5 %), enregistrant une baisse ininterrompue depuis deux ans. À l’échelle territoriale, le repli est également généralisé. La région Grand Est affiche le recul le plus prononcé (-7 %), tandis que l’Occitanie et la Nouvelle-Aquitaine résistent un peu mieux (-3,5 %)” lit-on dans la note de conjoncture.

Un manque grave de vision et de stratégie de la part des pouvoirs publics ?
Alors que les chiffres publiés par la CAPEB confirment une situation alarmante, la stratégie de nos gouvernants est clairement questionnée. “La chute de la construction neuve, si elle demeure marquée, s’atténue (-10 %). En revanche, elle se creuse dans l'entretien-amélioration (-2 %) et les travaux de performance énergétique (-1,5 %), ce qui constitue un paradoxe d'autant plus prononcé que l’activité de rénovation des bâtiments devrait être au cœur de la stratégie nationale bas carbone. Cette dégradation est bien le reflet d'un déclin profond alimenté par un manque de vision stratégique de la part des pouvoirs publics.” note la CAPEB dans son communiqué de presse.
Entêtement du gouvernement à privilégier le neuf dans sa politique de soutien ? Manque de stratégie et de cohérence dans les politiques de soutien à la rénovation énergétique ? La CAPEB pose toutes ces questions et rappelle avoir proposé “des solutions concrètes, opérationnelles, sans impact budgétaire, ont été portées par la CAPEB, parmi lesquelles l’accès simplifié au RGE par la Validation des Acquis par l’Expérience (VAE) (….) et la simplification du Groupement Momentané d’Entreprises (GME) : structure souple et adaptée à l’artisanat, permettant à plusieurs petites entreprises de répondre collectivement à des marchés de rénovation globale, sans dilution de leur autonomie ni complexité administrative inutile.”
Sur le terrain du logement collectif, les voyants restent au rouge vif. Ce n’est pas le moment de baisser la garde. Ce n’est pas le moment de se satisfaire d’un frémissement. Ce n’est pas le moment de rassurer les marchés au détriment de la vérité. Ce qu’il faut maintenant, c’est agir. Vite. Et ensemble.
Qu’il s’agisse de la CAPEB ou du Pôle Habitat FFB Grand Paris, les acteurs du secteur appellent à plus de pragmatisme et à une stratégie plus lisible. La CAPEB propose ainsi un « Grenelle du logement qui intégrerait à la fois la construction neuve et la rénovation énergétique pour résoudre durablement la crise que traverse le logement en construisant une politique du logement qui repose sur l’existant, comme le recommande l’ADEME ». Reste à savoir si cet appel sera enfin entendu.
Focus
DANS LES RÉGIONS
L’activité poursuit son recul en glissement annuel sur l’ensemble du territoire au 1er trimestre 2025. Si le rythme de recul de l’activité ralentit dans 8 régions sur 12, il demeure significatif partout. Les contractions les plus marquées concernent les régions Grand-Est (-7 % en volume au 1er trimestre 2025 par rapport au 1er trimestre 2024) Bretagne (-6,5 %) ainsi que les régions Hauts-de-France, Bourgogne-Franche-Comté, Centre-Val de Loire et Auvergne-Rhône-Alpes (-6%). Comparativement, les régions Nouvelle Aquitaine et Occitanie marquent un repli moindre du volume d’activité, avec -3,5 % en glissement annuel.
Source : CAPEB, Note de conjoncture, 2025
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Sources
Données et visuels . CAPEB, Note de conjoncture du 1er trimestre 2025 - Avril 2025


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