Quand la mode s'inscrit dans un projet architectural
Au cœur du quartier de Sanlitun, à Pékin, Christian de Portzamparc livre un nouveau flagship pour la maison Dior. Troisième collaboration entre l’architecte et la marque, après Séoul et Genève, ce projet s’inscrit dans une véritable « ligne d’architecture » dédiée à Dior, où la mode devient matière architecturale
Situé dans un ensemble urbain conçu par Kengo Kuma et Oval, le bâtiment prend place dans l’un des quartiers les plus dynamiques et symboles du renouveau culturel de la capitale chinoise. Issu de la réhabilitation d’un édifice existant, le flagship s’organise autour de quatre bâtiments disposés autour d’une place en contrebas. Il accueille des espaces de vente, des salons VIP dotés d’une terrasse privée au dernier étage, ainsi qu’un restaurant.
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Une architecture pensée comme une collection
Pour Christian de Portzamparc, l’architecture des flagships Dior se conçoit comme une collection, dans la continuité de ses réalisations sculpturales pour la maison. À Pékin, il imagine un écrin porté par quatorze coques blanches, en forme de feuilles incurvées, parfois enroulées en spirales. Telles des cariatides contemporaines, ces pétales soutiennent un vaste plan de toiture qui unifie l’ensemble du bâtiment.
Le dessin des courbes évoque les drapés des toiles que Christian Dior modelait pour créer ses robes. Réalisées avec la précision d’une construction aéronautique, les coques en résine et les façades vitrées sont assemblées de manière unique, venant s’effleurer dans un jeu subtil d’ombre et de lumière.
Dialogue de matières et de lumière
Les pétales, hauts de 20 à 25 mètres, dialoguent avec les surfaces planes des murs en tuiles de verre dorées. L’enchaînement de ces tuiles, de formes légèrement variables, crée une vibration sur les façades. Leur processus de fabrication, élaboré de manière artisanale, est le fruit de recherches aussi poussées que celles menées pour les pétales eux-mêmes.
Une lumière douce se dégage de ces murs de verre, contrastant avec la blancheur des coques. La nuit, la boutique s’illumine de l’intérieur et révèle la silhouette majestueuse des pétales. Le jour, l’alternance des coques ouvre une série de vues singulières sur le quartier, inscrivant le bâtiment dans un dialogue permanent avec la ville.
Portzamparc, sculpteur de la ville
Premier architecte français récompensé par le prix Pritzker, Christian de Portzamparc développe depuis ses débuts une approche où architecture et urbanisme sont indissociables. Pour lui, l’espace est avant tout le vide qui accueille entre les objets bâtis, et ses œuvres sont conçues comme des lieux ouverts, propices à la déambulation et baignés de lumière naturelle.
Avec le flagship Dior de Pékin, livré en 2025, l’architecte prolonge une réflexion entamée à Séoul en 2015 puis à Genève en 2024. À travers ces bâtiments-sculptures, il affirme la puissance symbolique de l’architecture comme vecteur de rassemblement et de réparation du monde, selon ses propres mots : « Il nous faut la douce puissance de la beauté pour que l’architecture nous rassemble et répare le monde abîmé ».














