Certains considèrent la musique sans parole difficile à appréhender ; parfois, ces œuvres sont jugées obscures et mises de côté par un public privilégiant le texte. En réalité, l'essence de la musique provient de nos mémoires et de nos cultures ; si vous êtes prêt à ouvrir votre esprit, au travers d’une mélodie ou d’un rythme, vous pouvez toujours vous connecter profondément et établir un lien vers vos propres références musicales, connues de vous seul, même si les sources d'inspiration du compositeur sont clairement identifiées. La musique pure nous offre alors un espace sans limite pour l'imagination et une inspiration unique pour chaque individu. 

Ainsi, ces trois mouvements se veulent des épilogues, des suites ou des résonances de musiques déjà entendues, venant de nos mémoires collectives, de nos cultures, ou encore d’un voyage imaginaire dans l’œuvre d’une vie. Même si les sources d’inspirations sont clairement identifiables, chaque auditeur pourra, à sa guise, faire ses propres connexions, empruntant ici ou là une référence qui lui est chère. L’écriture musicale est intentionnellement mélodique et harmonique mettant de fait les vibraphones et marimbas sous les feux de la rampe. Le résultat est une musique colorée, parfois charmeuse, où l'orchestration prime sur le résultat final. Sous une forme d’arche classique, ces trois mouvements, rapide, lent, rapide, exigent des interprètes une grande vélocité et un sens musical développé.

BeyonD the bEnd est une partition pour soliste de percussion avec ensemble de percussion (5 joueurs au total). Au début de l'œuvre, l'ensemble chante, à l'unisson, des lignes semblables à des chants qui présentent, simultanément, le matériau thématique sonore et la référence poétique sur laquelle repose la pièce. Musicalement, la pièce est liée à un motif de trois notes, Si♭ Ré♭ et Mi♭ (ces lettres sont mises en évidence dans le titre), qui peut être entendu tout au long, initialement dans les voix d'ouverture et tissé à travers l'ensemble pour la durée de la pièce. Ce thème évite de se développer, mais se transforme tout au long de l'œuvre alors qu'il est plié en différents timbres par le traitement orchestral. Parallèlement, l'œuvre est structurée autour d'un thème poétique, inspiré d'un court poème inachevé de Brandon Reid Swaim : 

Quand Tu Te Plies (inachevé) 
Quand tu plies quelque chose 
Cela te frappera en retour et te pliera 
C'est la relation 
Entre la société et la nature

Cette œuvre s’inspire d’un mythe des aborigènes taïwanais — les tribus des plaines et d’autres tribus dont les Da'o, les Bunun, les Amis et les Atayal, selon lequel plusieurs soleils ont apparu à la fois dans les temps anciens. En raison de l’excès d’ensoleillement, les récoltes étaient toutes flétries, ce qui a rendu la vie du peuple difficile. Dans cette situation pénible, les gens voulaient abattre les soleils qui leur nuisaient. Cela a donné naissance à la légende de la chasse aux soleils, marquée par des affrontements tendus. Le compositeur estime cependant que ce genre de lutte ne se limite pas à une ancienne légende. Dans un sens général et abstrait, nous éprouvons nous aussi tous les jours une lutte pareille, car il y a, au fond de chacun, une soif permanente de combattre nos mauvais désirs, notre paresse et ainsi de suite pour avoir du progrès. C’est une bataille dure entre le bien et le mal qui se déroule à tout moment à l’intérieur des êtres humains, sans le moindre compromis. 

À travers l’interprétation de la marimbiste et des trois percussionnistes, l’œuvre met en scène une rivalité sonore entre les instruments. Grâce à des interactions dynamiques sur scène, le scénario de la chasse aux soleils ainsi que les réflexions abstraites sont mis en évidence. De plus, la transformation et la tension dramatiques sont transmises au public, qui les ressent tant sur le plan auditif que visuel.

Attraction 2 a été créée en dédicace au Groupe de Percussion Ju. Tout comme l'homme avec tout ce qu'il possède ne peut échapper à l'attraction de la terre même pour de brefs instants, un compositeur ne peut fuir ses démons intérieurs, sa propre culture et ses goûts.

C’est un concerto pour marimba joué avec 6 maillets, avec l’accompagnement de trois percussionnistes. 

Dans la quête de la musique parfaite, on traverse plusieurs étapes différentes : on « cherche » à étaler ses techniques, « explore » les possibilités de sa prestation, « doute » si l’on arrive à réaliser son but et se sent « seul ». Mais comme on « persiste » dans sa passion pour la musique, on ne cesse de s’appliquer. Le compositeur divise donc le morceau en cinq parties, à savoir « la recherche, l’exploration, le doute, la solitude et la persistance », afin de montrer le processus et l’état d’esprit des musiciens à la poursuite de l’idéal. 

Selon LU Huan-Wei, sur le chemin de l’art, les musiciens exigent toujours d’eux-mêmes, aspirent à « la perfection » dans leur prestation, explorent avec les compositeurs de nouvelles techniques d’interprétation, élargissent l’éventail sonore du timbre et créent des œuvres inédites. Ils accumulent constamment de l’énergie, permettent aux jeunes générations de prendre le relais, de continuer à découvrir de nouveaux sentiers et d’aller de l’avant en leur emboîtant le pas. Faisant partie du grand courant de l’évolution de la percussion, Lu bénéficie aussi lui-même du travail des ainés. Il ressent leurs efforts et espère explorer et progresser perpétuellement, contribuant ainsi au développement de la percussion.  

Avec cette œuvre, Lu tient à remercier le maître JU Tzong-Ching et le Groupe de Percussion Ju qui continuent à promouvoir la création d’œuvres et à accumuler de nouvelles énergies pour la percussion. Il remercie également les membres du Groupe passionnés par la percussion qui l’entourent, avec qui il en découvre ensemble des possibilités infinies.  

Cette œuvre, pleine de vivacité, affiche le charme et la diversité du marché. Elle dépeint la persévérance des marchands qui travaillent régulièrement sans relâche pour se nourrir. Chaque stand semble comme une scène particulière. Les spectateurs ont l’impression de flâner au marché, tout en regardant et entendant ce qui les entourent. C’est un lieu rempli d’atmosphère amicale et de chaleur propres à Taïwan. 

Le morceau entier se présente sous une forme amusante et humoristique. La musique est vive et légère, dans un style fragmenté, non-linéaire, constitué d’éléments différents. Les sept percussionnistes incarnent de manière animée des marchands, chacun avec sa personnalité et ses idées uniques. Ils s’entraident, se soutiennent et collaborent. C’est ainsi qu’une passion s’allume enfin dans la musique.  

Cette œuvre a été créée en 2020 et jouée au concert du Groupe de Percussion Ju « One & Together ». Avec leurs personnalités et leurs caractéristiques différentes, les sept membres du groupe se rassemblent et poursuivent l’objectif et le rêve communs. Ils œuvrent ensemble pour bâtir un avenir meilleur.  

Pour cette occasion, on a créé spécialement une version à interpréter par un ensemble d’onze musiciens. Ce qui fait un festin encore plus riche avec davantage de variété.