Avis d'expert
Focus sur le marché de la gestion locative
Comme l’ensemble du secteur du logement et de l’immobilier, le marché de la gestion locative est frappé par une crise multifactorielle dure et durable. Même le leader du secteur accuse le coup et subit également une baisse de son activité. Chute des investisseurs privés, effondrement de l’apport du neuf, diminution du parc de biens trop énergivores impactent désormais l’activité la plus rentable pour un administrateur de biens. Mais plutôt que d’attendre des jours meilleurs, n’est-il pas nécessaire de revoir de fond en comble son offre de service et cibler les bailleurs existants plutôt que ceux qui ne viennent plus ?
Comme en 2023, les investisseurs ont poursuivi leur désengagement du marché. Leur nombre a chuté de 25 % dans notre activité en 2024 par rapport à l'année précédente.

Des bailleurs privés qui subissent trop de vents contraires
Les bailleurs privés sont un acteur incontournable de l’écosystème du logement en France et représentent plus de 7,5 millions de logements en France. Ils sont en majorité des CSP Moyen + de plus de 50 ans qui détiennent un seul bien dans 62% des cas. Ces bailleurs luttent contre des contraintes croissantes qui les invitent, au final, à arbitrer leur investissement autrement :
- Déploiement de l’encadrement des loyers sur certaines grandes métropoles qui provoque finalement l’effet inversé : moins de biens à louer et pas de baisse de loyers.
- Application trop hâtive de la Loi Climat et Résilience qui impose d’importants travaux de rénovation énergétique pour lesquels ni le bailleur, ni la copropriété ni les acteurs techniques ne sont prêts à assumer.
- Une fiscalité punitive et surtout discriminatoire par rapport à d’autres formes de location.
- Le choix français de sur-protéger les locataires depuis la Loi ALUR de 2014 et en particulier les mauvais payeurs professionnels qui pénalisent la très grande majorité de locataires fiables.
Le niveau de service offert aux bailleurs par les professionnels explique le faible taux d’intermédiation du marché
En France, seuls 30% des bailleurs privés recourent aux services d’un professionnel, spécialistes de l’ADB ou réseaux de transactions qui pratiquent la gestion locative.
Une fidélité rationnelle plus qu’émotionnelle pour la plupart des bailleurs gérés par un professionnel :
- Des clients bailleurs privés qui ont acheté un appartement neuf distant de leur lieu d’habitation et n’ont pas d’autres choix que de déléguer la gestion.
- Des bailleurs relativement âgés en moyenne qui ne souhaitent pas plus gérer en direct.
- Et surtout des bailleurs séduits par les Garanties Loyers Impayés telles que celles de Foncia ou de Sergic qui assurent un paiement des loyers dès le premier retard sans limite de temps et sans plafond.
Les professionnels offrent un niveau de service qui ne justifie pas les honoraires demandés et qui sont élevés (soit en moyenne 5 à 6 % pour assurer une gestion de base).
La tarification au pourcentage est absolument inexplicable pour le commun des mortels. Comment justifier une rémunération différenciée entre un Studio ou un T4 lorsqu’il s’agit d’effectuer le quittancement ou générer un ordre de service auprès d’un prestataire ?
Pourquoi verser des honoraires conséquents à un gestionnaire qui n’a jamais visité et ne verra jamais le bien de son bailleur alors que l’on attend de lui un rôle de conseil ?
Comment supporter qu’un gestionnaire de bien ne soit pas compétent en termes de rénovation lourde et énergétique faute d’offres et d’outils ? Comment expliquer à un bailleur privé que des plateformes telle que Rentila permettent d’effectuer de façon professionnelle la gestion de base (quittancement, relance, indexation etc..) quasiment gratuitement ?
Bref, beaucoup trop cher pour trop peu de service !

Pivoter la stratégie marketing pour séduire en majeur les bailleurs autogérés
Trois étapes
Etape 1
Cesser de cibler les convertis malgré eux par les professionnels et mettre le poids du corps vers les clients autogérés qui représentent un potentiel deux fois plus important et plus facile à séduire si la prestation de service est de qualité.
Etape 2
Bâtir une offre de service complète, transparente, sécurisante et tarifée de façon équitable.
- Proposer une tarification juste et transparente des services en pivotant d’une facturation au pourcentage vers une gamme de forfaits de services à prix fixes.
- Sécuriser les revenus des bailleurs en proposant systématiquement la GLI et non pas des assurances loyers impayés moins efficaces et moins protectrices.
- Entretenir et valoriser le patrimoine des bailleurs en proposant des prestations du simple rafraichissement du bien en passant par la rénovation lourde voire énergétique du bien. Il convient alors d’être équipé des logiciels adéquats et surtout d’externaliser certaines prestations aux spécialistes du secteur tels que Hellowatt ou PPF.
Etape 3
Assurer un service client minimum :
- Effectuer une visite du bien par an avec le bailleur pour faire un état des lieux du bien et conseiller sur la réalisation de travaux éventuels.
- Être proactif envers son bailleur en dehors de l’envoi en dehors du classique CRG qui met surtout en avant les honoraires facturés du client.
- Faire des bilans semestriels avec les bailleurs sans objectif particulier mais au moins pour démontrer que l’on prend soin du bien et de son propriétaire.

CONCLUSION
Les administrateurs de biens se trompent de combat en concentrant leur stratégie commerciale uniquement vers les bailleurs « convertis » aux professionnels. Le véritable gisement de croissance et de valeur se situe sur les clients actuellement réticents à la gestion déléguée.
Sans refonte globale du logiciel et de leur business model, les acteurs traditionnels ne capteront pas le PAP tandis que des acteurs plus récents tel que IMODIRECT préemptent le marché à vitesse grand V en jouant la carte de la transparence, la performance et la justesse des honoraires.
Ce changement est d’autant plus vital pour les administrateurs de biens que cette activité est « une vache à lait » et que leurs sources de nouveaux mandats sont taries de façon durable.


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