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William Nahum (c) Anne-Sandrine Di Girolamo
Hausse du taux du livret A

Hausse du taux du livret A à l’été 2023 ? On en pense quoi ?

Réponse de William Nahum

Le 3 mai, le ministre de l’économie et romancier, Bruno le maire a laissé entendre qu’il pourrait relever à l’été le taux du livret A si le gouverneur de la banque de France le préconise, ajoutant « ma première responsabilité, c’est de protéger l’épargne des français ». On en pense quoi ? Réponse de William Nahum, Président d'honneur du Conseil Supérieur de l'Ordre des Experts-Comptables et Président national des CIP

 

Cette mesure, donc, serait populaire, mais les conséquences d’une part sur les banques (qu’on a pas besoin de bousculer actuellement) et d’autre part sur les bailleurs sociaux (qui, au contraire, ont besoin d’être très financés pour que le logement reparte) fait que je penche pour rester plutôt à 3%. Si je pouvais, je le diminuerais même un peu !

William nahum, Président d'honneur du CSOEC

Le point de vue de William Nahum à lire aussi ici

"Le livret A c’est un sujet actuel puisqu’en mai 2023, ou en tout cas dans les semaines qui viennent, on envisage d’augmenter le taux d’intérêt du livret A qui est aujourd’hui à 3% et qui pourrait techniquement passer à 4% ou 4,2% ou 4,3%. 

Au moins deux conséquences, à mon avis, pas très bonnes, néfastes.

William Nahum

Personnellement, j’y suis totalement défavorable parce qu’il faut savoir que ce livret qui permet de placer plus de 20 000 euros est abondé à plusieurs centaines de milliards d’euros, ce qui fait que ce sont des petits ou relativement petits montants individuels et un gros montant global. Une augmentation du taux d'intérêt du livret A aurait au moins deux conséquences, à mon avis, pas très bonnes, néfastes.

La première, c’est que cela pèse sur le bilan des banques et les comptes d’exploitation des banques (en particulier celles qui historiquement ont beaucoup accepté et développé le livret A comme la Banque Populaire, le Crédit Mutuel, ce genre de banque pour qui c’est une charge extrêmement importante. Donc si on accroit cette charge, cela sera encore plus important et parfois cela peut faire basculer le compte d’exploitation de profit à pertes. Il n’est pas très intéressant aujourd’hui, par les temps qui courent, comme on dit, de surcharger le compte d’exploitation des banques.

D’autre part, le taux d’intérêt des prêts accordés par la Caisse des Dépôts aux bailleurs sociaux (donc ceux qui fabriquent les HLM et financent la fabrication des HLM) est indexé sur le taux du livret A qu’évidemment la Caisse des Dépôts a en contrepartie. Du coup, cet accroissement du coût du crédit pour les bailleurs sociaux va freiner encore plus la fabrication de logements sociaux. Ce qui n’est quand même pas une bonne idée à une époque où les promotions de logements sont très en diminution et qu’il y a une vraie crise du logement.

Cette mesure, donc, serait populaire, mais les conséquences d’une part sur les banques (qu’on a pas besoin de bousculer actuellement) et d’autre part sur les bailleurs sociaux (qui, au contraire, ont besoin d’être très financés pour que le logement reparte) fait que je penche pour rester plutôt à 3%.

William Nahum

Donc je suis assez défavorable. On est là tiraillé entre une mesure qui évidemment fait plaisir aux français mais qui leur rapporte entre quelques dizaines d’euros par an, et quelques centaines d’euros, le différentiel étant le taux d’intérêt. Même pour des revenus modestes, que je respecte infiniment, ce ne sont pas des montants importants. Cette mesure, donc, serait populaire, mais les conséquences d’une part sur les banques (qu’on a pas besoin de bousculer actuellement) et d’autre part sur les bailleurs sociaux (qui, au contraire, ont besoin d’être très financés pour que le logement reparte) fait que je penche pour rester plutôt à 3%. Si je pouvais, je le diminuerais même un peu ! Mais enfin, politiquement cela paraît difficile. Donc on peut augmenter d’un tout petit « chouïa » … 3,25% par exemple… "

Anne-Sandrine Di Girolamo
Anne-Sandrine Di GirolamoFondatrice
Anne-Sandrine Di Girolamo
Anne-Sandrine Di GirolamoFondatrice
Journaliste fondateur des Ondes de l’Immo.

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