Communiqué de presse
Le marché résidentiel français - 1er semestre 2025
Dans un contexte économique et politique incertain, le marché de l’investissement résidentiel français a montré au premier semestre 2025 des signes tangibles de redynamisation. Selon la dernière étude du département Études & Recherche de Knight Frank, les volumes investis ont atteint 1,9 milliard d’euros, en hausse de 19 % par rapport à la même période de 2024.
L’avenir du marché de l’investissement résidentiel se jouera dans l’équilibre entre attractivité économique pour les investisseurs et soutenabilité pour les usagers aussi diversifiés soient-ils. C’est dans cette articulation que réside la clé d’un marché solide et pérenne.
Un environnement macroéconomique encore fragile
La désinflation en zone euro et les baisses successives des taux directeurs par la BCE ont contribué à assouplir les conditions de financement, mais la croissance économique française reste limitée (+0,5 % attendu en 2025) et l’incertitude politique actuelle rend l’avenir moins lisible. Malgré ce climat de transition, la rareté structurelle de l’offre résidentielle locative, tant dans le secteur libre que dans celui du serviciel (séniors, étudiants, coliving), continue de soutenir l’intérêt des investisseurs pour ce segment.

Le résidentiel géré, moteur du marché français
Le résidentiel géré a concentré une large part des investissements, avec plus de 700 millions d’euros engagés au 1er semestre 2025 au travers d’une dizaine d’opérations. Ce sont les résidences étudiantes qui dominent désormais le marché, soutenues par des fondamentaux démographiques solides et une demande structurellement élevée. L’acquisition du portefeuille YouFirst Campus par Nuveen RE et Global Student Accommodation illustre cette dynamique. En revanche, les segments du coliving et des résidences seniors ont connu une activité limitée, tandis que les ventes en l’état futur d’achèvement (VEFA) restent en retrait (204 millions d’euros engagés), pénalisées par la faiblesse de la production neuve de logements (286 000 logements lancés au cours des 12 derniers mois).
Une attractivité renforcée pour les investisseurs internationaux
Les investisseurs étrangers ont représenté 35 % des volumes, un niveau historiquement élevé et une appétence forte pour le résidentiel géré. Les fonds d’investissement, en particulier, confirment leur rôle moteur, concentrant 41 % des engagements. Cette tendance traduit la solidité et la résilience du marché résidentiel français, notamment dans les métropoles étudiantes.
Marché locatif : tensions persistantes
Le marché locatif reste sous pression : l’indice de tension locative a atteint 4,38 en moyenne en France, avec des situations critiques dans certaines villes comme Lyon ou Paris (indices supérieurs à 10). Cette rareté renforce l’attrait des actifs résidentiels pour les investisseurs, qui bénéficient d’une demande captive et durable. L’évolution des loyers est toujours positive en Ile-de-France mais en régions, certaines métropoles montrent des signes de stagnation voire de repli des loyers. Ces trajectoires diversifiées devraient conduire les investisseurs à opérer avec davantage de sélectivité dans leur allocation géographique.
Perspectives
La fonction résidentielle s’impose plus que jamais comme un pilier de l’investissement immobilier. Dans un contexte où la construction neuve reste insuffisante et où le marché locatif est sous forte tension, les investisseurs institutionnels et privés trouvent dans le résidentiel une classe d’actifs résiliente et porteuse de croissance à long terme.
Les résidences étudiantes demeurent l’un des segments les plus attractifs, soutenues par une demande structurellement forte et par la recherche de taille critique de la part des investisseurs internationaux. À plus long terme, l’essor des résidences avec services (seniors, coliving) et des résidences ultra prime (Branded Residences) ouvre de nouvelles perspectives, combinant valorisation patrimoniale et création de valeur par les services.
Cependant, l’avenir du marché dépend aussi de l’évolution du cadre réglementaire et fiscal, encore instable, et de la capacité à relancer une production neuve indispensable pour alimenter l’offre. Dans ce contexte, Knight Frank anticipe une poursuite de la sélectivité des investisseurs, concentrés sur les actifs offrant une visibilité sur les revenus, une localisation stratégique et un potentiel de valorisation durable.
Fonds d’investissement
EN TÊTE
Comme à l’accoutumée, les investisseurs français continuent de dominer le marché résidentiel, concentrant la majorité des capitaux engagés au premier semestre 2025. Toutefois, les investisseurs étrangers se sont imposés avec une intensité inédite, représentant 35 % des volumes – un niveau historiquement élevé. Ce mouvement s’explique en grande partie par l’acquisition du portefeuille de résidences étudiantes YouFirst Campus par le joint-venture Nuveen RE & Global Student Accommodation, illustrant la place croissante des fonds internationaux dans le résidentiel français.
Plus largement, cette tendance s’inscrit dans la montée en puissance des fonds d’investissement, qui se positionnent désormais comme la première catégorie d’acteurs du marché avec 41 % des volumes. Leur présence est particulièrement marquée dans le résidentiel géré, segment offrant des revenus sécurisés et une visibilité à long terme.
Les investisseurs privés restent également actifs, concentrant 20 % des volumes, majoritairement en Île-de-France, où ils tirent parti de corrections de prix et développent des stratégies de rénovation et de valorisation. Les bailleurs de logements intermédiaires conservent une activité soutenue, avec 14 % des investissements, traduisant la volonté des pouvoirs publics de renforcer l’offre de logements abordables, en réponse à une demande toujours forte dans les zones tendues.
Les acteurs bancaires et assurantiels n’ont représenté que 8 % du marché, limités par la raréfaction des produits « core » et des opportunités conformes à leurs critères d’investissement. Les SCPI (3 %) et les promoteurs (5 %) sont restés relativement discrets, leur capacité d’engagement étant contrainte par des difficultés de financement et de trésorerie. Les autres investisseurs représentent 9 % des volumes, reflétant la diversité des acteurs cherchant à profiter de niches spécifiques du marché.
Source : Knight Frank
Marché locatif : Un parc sous tension
Les difficultés de financement des primo-accédants maintiennent une part importante des ménages français dans le circuit locatif, intensifiant par conséquent la tension existante sur l’offre. C’est une opportunité pour les investisseurs institutionnels qui bénéficient ainsi d’une clientèle captive dont une partie pourrait accéder, selon ses capacités financières, à une offre locative plus qualitative.
L’indice de tension locative (rapport entre le nombre de candidats locataires et le nombre d’offres à la location dans une ville donnée) donne bien la mesure des tensions à l’œuvre sur le marché résidentiel. En hausse constante depuis sa création, il s’est fortement dégradé en 2024 (+1,03 point après +0,64 en 2023) pour se positionner en moyenne à 4,38 en France. Selon les villes considérées, cet indice peut varier de façon considérable : inférieur à 1 sur 2 villes et jusqu’à près de 13 à Lyon.
La hausse de cet indice en 2024 est un marqueur commun à toutes les villes étudiées (40), avec notamment des progressions spectaculaires observées à Caen (+5,68 points en un an), à Nice (+4,33 points) ou encore à Strasbourg (+3,58 points). En haut de tableau, Lyon et Paris affichent des indices supérieurs à 10 avec une augmentation très sensible à Paris (+3,17 points en un an), signe d’une pénurie chronique et galopante dans la Capitale.
Tensions locatives : les chiffres pour les grandes agglomérations françaises

Actualités du 1er semestre 2025
Le marché résidentiel locatif reste actif mais moins compétitif que les années précédentes, avec une demande en baisse par rapport à 2024 (-29%). La dynamique observée durant cette première partie de l’année 2025 montre une stabilisation dans plusieurs grandes villes comme Rennes, ou encore Lille qui avait vu la demande de logements s'effondrer en 2024. Cette baisse tend à se ralentir au 1er semestre, et certaines villes comme Lyon repartent même à la hausse, offrant de nouvelles opportunités d’investissement et améliorant le rendement locatif. Avec un quasi doublement des demandes en un an, Nice rejoint Paris en tête du classement des villes les plus tendues, tandis que Marseille et Bordeaux enregistrent des hausses continues des candidatures pour des logements, tirées par la demande de jeunes actifs et les étudiants.
Après plusieurs années marquées par le succès de villes comme Rennes ou Nantes, l’attractivité immobilière se déplace vers le Sud et le Sud-Est. Nice, Marseille ou Toulouse séduisent de plus en plus, notamment auprès des jeunes actifs cherchant à réaliser des projets d’investissement rentables, au détriment de l’Ouest. Parallèlement, dans les grandes métropoles, la hausse des loyers pousse les candidats à élargir leur périmètre de recherche pour trouver des logements abordables. En Île-de-France, à Lyon ou Lille, les périphéries deviennent des zones de report dynamiques. Ces territoires absorbent une part croissante de la demande grâce à des loyers plus accessibles et une offre qui se densifie.
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L’industrie de la construction en Allemagne est divisée. Tandis que le secteur de la construction résidentielle est sous pression, d’autres segments de la construction connaissent des performances beaucoup plus solides. Les raisons de cette divergence sont multiples, mais elles mettent également en lumière les défis structurels et les opportunités auxquels l’industrie fait face. Notre graphique de la semaine illustre la différence entre la construction de bâtiments et l’ingénierie civile en Allemagne. La construction résidentielle fait partie de la construction de bâtiments, tandis que les routes, chemins de fer et ponts sont classés dans l’ingénierie civile.[1]

