Dans la foulée de la conférence de presse du second trimestre 2023 donnée par la Fédération des promoteurs immobiliers de France, nous avons interrogé Norbert Fanchon, Président du Groupe Gambetta sur sa vision de la crise que traverse actuellement le secteur de l’immobilier entendu au sens large. Vous le verrez, diriger une entreprise qui vient de fêter ses 100 ans donne beaucoup de recul et une manière nuancée d’envisager la situation.
Je vous disais que l’immobilier est un vrai marché pérenne, selon moi. Car c’est un marché de besoin. Les Français ont besoin de se loger, les Français ont besoin d’être accompagnés, et on doit donner du pouvoir d’achat aux Français. La meilleure façon de le faire c’est de faire en sorte qu’ils bénéficient d’une TVA à 5,5%, ce qui s’appelle la location-accession, les quartiers prioritaires, la dissociation du foncier et du bâti, pour redonner du pouvoir d’achat immobilier aux Français.
Entretien avecNorbert FanchonExtrait
Les 100 ans du Groupe Gambetta
Le fait d’avoir 100 ans, cela veut dire qu’on a fait des métiers, et puis on les a arrêtés et puis on a fait de nouveaux métiers. Donc on a su changer. Le changement, ce n’est pas facile mais c’est un peu dans l’ADN. Je pense que la vraie force de Gambetta, la vraie résilience des entreprises, et c’est ce qui va faire la différence, à mon avis, c’est le « A qui appartient l’argent ». Notre entreprise a 110 – 120 millions de fonds propres. Le Groupe Gambetta est une coopérative et cela appartient à l’ensemble des salariés. Donc cet argent dont on dispose, on en dispose pour faire de l’immobilier, que cela soit du locatif social ou de l’accession à la propriété ou de la promotion privée. Par contre, quand on doit aller chercher de l’argent pour se financer, et que cet argent on le paie 10 ou 15%, ce n’est pas la même vie. Donc, être une entreprise ancienne, c’est avoir des ressources financières que nous maîtrisons, et là est la première des grosses différences. La seconde c’est qu’on va aller chercher les Français là où ils ont des besoins. Je vous disais que l’immobilier est un vrai marché pérenne, selon moi. Car c’est un marché de besoin. Les Français ont besoin de se loger, les Français ont besoin d’être accompagnés, et on doit donner du pouvoir d’achat aux Français. La meilleure façon de le faire c’est de faire en sorte qu’ils bénéficient d’une TVA à 5,5%, ce qui s’appelle la location-accession, les quartiers prioritaires, la dissociation du foncier et du bâti, pour redonner du pouvoir d’achat immobilier aux Français.
Fédération des Promoteurs Immobiliers de France - Conférence de presse du 14 septembre 2023
Tous les indicateurs de la filière du logement neuf sont au rouge.
L’offre et la demande sont en chute libre : au second semestre 2023, les mises en vente baissent fortement (-28,8%), tout comme les ventes (-30,8%).
Si la baisse des ventes sur trois mois semble se stabiliser (-34,63% au T1 2023 et -30,2% au T2 2023), celle des mises en ventes s’accélère (-24,8% au T1 2023 et -37,9% au T2 2023). Ce résultat vient confirmer le constat mis en évidence lors de la précédente conférence de presse : ne trouvant plus d’acquéreurs, de plus en plus de promoteurs abandonnent des opérations.
La hausse des coûts de construction, puis la hausse continue des taux désolvabilisent progressivement les ménages : acquéreurs et investisseurs particuliers ont déserté les bureaux de vente. Les ventes totales décrochent à nouveau, pour la deuxième année consécutive. Le nombre de logements vendus s’établit, sur l’ensemble du semestre, à 46 448 logements, un niveau inférieur à celui du premier semestre 2020 (58 697 logements), au plus fort de la crise Covid.
Alors que nos concitoyens peinent à se loger, à l’instar des étudiants qui vivent un vrai calvaire pour trouver un logement, la passivité des pouvoirs publics accentue le tarissement de l’offre nouvelle, nécessaire à la fluidité du parcours résidentiel. Si rien n’est fait, ce sont près de 80 000 logements qui manqueront à l’appel cette année. 4 milliards d’euros de recettes fiscales en moins pour l’État, 300 000 emplois en moins en 2024 et 2025, un marché du travail qui se sclérose... une spirale mortifère s’est enclenchée. Des mesures concrètes et robustes à effet immédiat sont vitales pour les Français.
Une perspective illusoire de faire reposer l’offre locative nouvelle sur les seuls investisseurs institutionnels
Alors que la crise s’installe durablement et que les besoins de logements sont criants, vouloir faire reposer la production de logements locatifs sur les seuls investisseurs institutionnels est pure illusion. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Que la source provienne de l’Observatoire de la FPI ou de l’IGF (Inspection générale des finances), les ventes nettes aux investisseurs particuliers de logements éligibles au dispositif d’aide fiscale à l’investissement locatif Pinel étaient de l’ordre de 50 000 à 60 000 en moyenne annuelle entre 2015 et 2022.
À titre de comparaison, les ventes en bloc des promoteurs à destination des investisseurs institutionnels se situent en moyenne annuelle sur la même période autour de 6 000 logements.
La comparaison est sans appel. Par ailleurs, soumis comme tous les investisseurs aux aléas des taux d’intérêts, les investisseurs institutionnels ne sont pas en situation de prendre pleinement le relais des investisseurs particuliers.
En tant que maire d’une ville qu’il a dynamisée, le nouveau Ministre Patrice Vergriete sait que le logement est un des premiers leviers de l’aménagement du territoire et mérite autant d’attention que la politique de réindustrialisation. Ce n’est malheureusement pas le cas actuellement. Nous ne pouvons pas faire reposer la production de logements locatifs uniquement sur le recours à des SCPI, alors même que la collecte marque le pas depuis le début de l’année et que de nombreux Français voient dans l’investissement locatif un moyen d’assurer, notamment, un complément de retraite et la satisfaction de pouvoir loger des ménages. Nos propositions sont sur la table. Nous appelons le gouvernement et les parlementaires à s’en saisir enfin.»
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