le dernier sacre

Le dernier sacre : une plongée somptueuse dans les coulisses du sacre de Charles X

Une exposition à ne pas manquer

Du 11 avril au 20 juillet 2025, le Mobilier national ressuscite l’éclat d’un moment oublié de l’histoire de France : le sacre de Charles X en 1825. Une exposition spectaculaire, signée Stéphane Bern au commissariat et Jacques Garcia à la scénographie, mêlant politique, faste royal et savoir-faire d’exception.

On connaît les sacres de Napoléon ou de Louis XVI. Celui de Charles X, bien moins. Pourtant, le 29 mai 1825, la France se met en scène dans un événement aussi grandiose que stratégique. Huit mois à peine après la mort de Louis XVIII, le royaume s’active pour organiser une cérémonie à la hauteur du prestige monarchique, rivalisant ouvertement avec celle de George IV en Angleterre. Résultat : une démonstration de puissance, d’apparat… et d’art.

C’est à ce pan méconnu de l’histoire que le Mobilier national consacre son exposition “Le dernier sacre”, présentée dans la Galerie des Gobelins. Le public est invité à revivre, presque pas à pas, les préparatifs de la cérémonie, son déroulement dans la cathédrale de Reims et tout ce que cette mise en scène politique a mobilisé : costumes d’apparat, décors, commandes, objets symboliques, cadeaux diplomatiques… jusqu’aux produits dérivés commercialisés pour l’occasion.

Dernier sacre français, le sacre de 1825 manifeste aussi la place du Garde-meuble dans l’organisation des fêtes et des cérémonies au plus haut sommet de l’État. Commémorer cet événement exceptionnel, tombé dans l’oubli et le mépris du fait de la chute rapide du souverain qui l’avait voulu, ne signifie pas se complaire dans un passé dont l’éloignement est irrémédiable. Il s’agit avant tout de reconnaître la continuité, à travers les siècles et les régimes, de la mission des Manufactures nationales – Sèvres, les Gobelins, Beauvais, la Savonnerie – et du Mobilier national : placer l’art et le beau au plus près du pouvoir, et faire en sorte que la représentation de celui-ci, en illustrant l’extraordinaire richesse des arts décoratifs français, transcende les qualités propres de ceux qui l’incarnent.

Hervé Lemoine, Président des Manufactures nationales -Sèvres & Mobilier national

Une immersion historique grandeur nature

Au rez-de-chaussée, le visiteur entre dans les coulisses : celles d’une monarchie pressée de se montrer, entre tension politique et communication par le luxe. À l’étage, c’est la magie de la reconstitution. Grâce à une scénographie immersive, on assiste comme en direct au sacre dans la cathédrale de Reims, parmi les membres de la Cour.

L’exposition s’appuie sur des pièces exceptionnelles issues des collections du Mobilier national, enrichies par des prêts de grandes institutions françaises – le musée du Louvre, le château de Versailles, le musée de l’Armée, le palais du Tau – mais aussi par des prêts privés, descendants ou collectionneurs.

Un corpus rare, présenté pour la première fois dans une telle cohérence.

Derrière les dorures : les mains des artisans

Mais “Le dernier sacre” ne s’arrête pas à l’histoire politique. Il s’attarde aussi sur ceux qui l’ont rendue possible : les artisans d’art. Brodeurs, orfèvres, tapissiers, sculpteurs… souvent restés anonymes, ils retrouvent ici leur place. Leurs gestes, leurs techniques, leurs signatures redonnent corps à une époque où le luxe à la française servait la grandeur d’un royaume. Une manière aussi de célébrer l’excellence artisanale portée par le Mobilier national depuis sa création.

Entre histoire, art et spectacle

À l’heure où l’on s’interroge sur les symboles et leur pouvoir, “Le dernier sacre” propose une lecture fine de l’Histoire par les objets. Ni célébration nostalgique ni simple reconstitution, cette exposition explore comment un pouvoir en quête de légitimité a mobilisé tous les arts pour se raconter. Et, deux siècles plus tard, cette narration trouve une résonance nouvelle.

Le mot de Stéphane Bern, Commissaire général de l'exposition

Ce dernier sacre sera le chant du cygne de ce roi dévot et réactionnaire, l’ultime roi de France. Et pourtant, au-delà même du personnage, cet événement historique mérite d’être évoqué par une exposition : ce dernier sacre marque aussi l’âge d’or des arts décoratifs du XIXe siècle, alors que la France se modernise dans les balbutiements de l’industrialisation. Les commandes royales affluent pour faire de ce sacre une cérémonie fastueuse, certes presque anachronique, mais qui offre aux ateliers d’art une heureuse opportunité de démontrer leur savoir-faire d’excellence. Les tisserands, les tapissiers, les brodeurs, les orfèvres, les doreurs, les ébénistes, les modistes, les décorateurs… tous se mettent à l’œuvre pour réussir ce « voyage à Reims » que Rossini mettra en musique. Grâce aux recherches et aux restaurations engagées par les multiples talents du Mobilier national, c’est à une véritable reconstitution de ce voyage et de cet évènement qui se voulait grandiose, sous la baguette magique de Jacques Garcia, que nous invitons le public. Mais soyons justes, cette exposition marque aussi le sacre de celles et ceux qui sont l’âme vibrante du Mobilier national, des manufactures des Gobelins et de Sèvres, ces talents multiples qui perpétuent les savoir-faire d’excellence et les métiers d’art français. L’Histoire, une nouvelle fois, permet d’éclairer l’avenir.

CINQ QUESTIONS À ....

Jacques Garcia, Scènographe

Pourquoi était-il important pour vous de rejoindre ce projet porté par le Mobilier national et Stéphane Bern ?

Jacques Garcia : J’ai toujours eu une collaboration constante avec le Mobilier national, autant lorsque j’ai travaillé à remeubler Versailles de 2001 à 2014 que quand j’ai participé à la mise en lumière des trésors des arts décoratifs français au musée du Louvre. Ce lien particulier que j’ai construit avec le Mobilier national s’est aussi illustré par l’organisation de plusieurs expositions : « Sièges en Société, du Roi-Soleil à Marianne » en 2017 et dix ans avant « Alexandre et Louis XIV : Tissages de gloire ». J’ai également le très bon souvenir d’avoir participé à l’exposition « Le château de Versailles raconte le Mobilier national » en 2011 où nous avions créé un dialogue entre le contemporain et

l’historique, à l’image de ce que l’on voit aujourd’hui à l’Élysée. La Restauration restaure donc 1 000 ans d’histoire de France et, même si la Restauration sera taxée de pastiche, ne pas s’inspirer de notre histoire, n’est-ce pas prendre le risque de l’abandonner ?

Comment la scénographie a-t-elle permis de recréer l’ambiance du sacre ?

Jacques Garcia : C’est toujours très difficile d’affirmer recréer, ce qui est crucial c’est l’esprit. Le sacre est un moment, une cérémonie, un événement si particulier, ça n’est pas pour rien que Louis XVIII n’a pas voulu être sacré, il en avait trop peur. C’est un marqueur de gloire mais à vouloir trop de gloire on la perd, vous connaissez la suite du règne de Charles X …

En quoi le style Restauration dans les arts décoratifs français vous inspire ?

Jacques Garcia : Ce style va vouloir se légitimer par les références historiques. L’inspiration débute au Moyen Âge afin de rappeler à Louis XVIII et Charles X que les capétiens sont leurs aïeux, arrive ainsi le néo-gothique. Le néo-Renaissance poursuit cette même logique, tout comme les références aux ornements du grand siècle, aux courbes du Louis XV et à l’élégance majestueuse du Louis XVI qui viendront créer ce style restauration.

En 50 ans de carrière, 400 adresses réalisées dans le monde, vous avez démontré jongler avec tous les styles. Comment ce projet s’inscrit-il dans votre démarche créative ?

Jacques Garcia : Tous les projets que j’ai pu créer ont toujours eu pour seul leitmotiv : la modernité. À 30 ans, alors que je collectionnais Lucio Fontana, Yves Klein et Josef Albers, que je sortais d’un monde contemporain où l’art conceptuel régnait, j’achète l’hôtel Mansart de Sagonne et je plonge dans le XVIIe siècle. J’ai inscrit cette adresse dans la modernité comme Madame de Montespan pouvait l’avoir fait en son temps. L’idée pour ce projet comme pour les autres reste donc de l’amener à la modernité.

Quel élément scénographique vous semble le plus fondamental dans le sacre et comment l’avez-vous retranscrit dans cette exposition ?

Jacques Garcia : Ce qui est intéressant dans la cérémonie du sacre, c’est aussi les événements qui gravitent autour. C’est ce que nous avons cherché à valoriser avec Stéphane Bern. Toutes ces séquences, qu’il s’agisse du dîner, de la préparation, du roi recevant le caractère religieux, sont évoqués et non reconstitués à travers différents décors. Pièce après pièce, décor après décor, le visiteur comprendra l’évocation d’un cérémonial qui reflétait un moment crucial de notre histoire.

Informations pratiques

Exposition présentée du 11 avril au 20 juillet 2024 au Mobilier National (Paris) - 42 avenue des Gobelins, 75013 Paris

  • Du mardi au dimanche de 11h à 18h
  • Dernière entrée 17h30
  • Fermé le 1er mai 2025
  • Accessible aux visiteurs en situation de handicap

Accès Métro | Ligne 7 : Gobelins

Accès Bus | Lignes 27, 47, 83, 91

Anne-Sandrine Di Girolamo
Anne-Sandrine Di GirolamoFondatrice
Anne-Sandrine Di Girolamo
Anne-Sandrine Di GirolamoFondatrice
Journaliste fondateur des Ondes de l’Immo.

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