Spécial Congrès UNIS 2025
Dans un contexte marqué par les incertitudes économiques, politiques et par une crise profonde du logement, l’UNIS avaient choisi pour le Congrès 2025 de Strasbourg un thème phare pour leur rendez-vous annuel : « Repli ou reprise ? » Une interrogation essentielle pour une filière qui oscille entre blocages réglementaires, fragilités structurelles et besoin urgent de relancer l’offre.
C’est au cœur de cet évènement majeur pour les professionnels de l’immobilier que nous avons interrogé au micro Danielle Dubrac, Présidente de l’UNIS sur plusieurs sujets dont l'encadrement des loyers, le bail commercial, le contrat de syndic, le DPE européen, la revalorisation des honoraires de gestion locative.
Interview
TROIS ALERTES MAJEURES

Bail commercial : une menace pour le petit commerce
Le projet de loi SVE (Simplification de la vie économique) inquiète particulièrement les professionnels de l’immobilier. Deux articles, les 8 ter et 24, sont jugés dangereux par l’UNIS :
- La limitation des garanties à trois mois, qui pourrait contraindre les bailleurs à ne plus s’adresser qu’aux grandes enseignes solvables, au détriment du commerce de proximité.
- La non-récupérabilité de la taxe foncière, qui entraînerait mécaniquement une hausse des loyers futurs.
Deux dispositions jugées contradictoires avec les ambitions de revitalisation des centres-villes. L’UNIS appelle la Commission Mixte Paritaire à corriger ces points.
Vigilance sur un DPE européen
La mise en place d’un diagnostic de performance énergétique européen fait son chemin au Parlement européen. Mais l’hétérogénéité des pratiques au sein de l’UE (7 classes en France, 10 en Italie, systèmes différents en Belgique, Allemagne ou Luxembourg) inquiète.
Pour l’UNIS, changer en permanence les règles du DPE fragilise la crédibilité du dispositif : quatre correctifs ont déjà été apportés en quatre ans.
Le message porté à Strasbourg auprès de la députée européenne Isabelle Le Callennec est clair : harmoniser peut-être, mais surtout pas rendre opposable un outil déjà largement décrié par les usagers.
Relancer l’investissement locatif privé
La crise actuelle ne pourra être résolue sans un choc d’offre. L’UNIS milite depuis longtemps pour un statut du bailleur privé et a contribué au rapport Daubresse-Cosson, validé par l’ancien Premier ministre et en partie intégré au projet de loi de finances 2026.
Mais l’incertitude politique pèse : changement de Premier ministre, climat électoral, absence de lisibilité… Pendant ce temps, l’offre locative privée s’est effondrée de 80 % depuis l’avant-Covid, alors que la demande continue de croître.
Les chantiers réglementaires
Honoraires de location
Après 11 ans sans revalorisation et un contentieux au Conseil d’État, l’UNIS a obtenu gain de cause : les plafonds des honoraires de location seront revalorisés au 1er janvier 2026, sur la base de l’IRL de mi-october. Un premier pas vers l’automatisation annuelle, objectif affiché du syndicat.
Contrat de syndic
Jugé obsolète, le contrat-type instauré en 2015 n’intègre pas les évolutions législatives récentes (loi Climat, rénovation énergétique, etc.). L’UNIS demande :
- sa révision en profondeur,
- un allongement des mandats,
- la suppression de l’obligation de mise en concurrence.
Au-delà du contrat, c’est tout le modèle économique du syndic qui doit être repensé, alors que la profession est de plus en plus sollicitée par les pouvoirs publics.

Réformes et propositions
La loi Gacquerre sur la rénovation
Soutenue par l’UNIS, elle vise à mieux articuler DPE immeubles et DPE appartements, et à sécuriser le parcours des copropriétés face aux obligations de rénovation. Pour le syndicat, il est urgent d’adopter ce texte afin d’éviter un essoufflement du dispositif.
Encadrement des loyers
L’UNIS, avec l’UNPI et le SNPI, a dénoncé les effets pervers du dispositif : réduction du parc locatif et rigidification du marché. Si certaines corrections vont dans le bon sens, la volonté de pérennisation et d’extension inquiète la profession.
Permis de construire
Enfin, l’UNIS demande des mesures concrètes de simplification : motiver les rejets, réduire les délais et supprimer certains documents d’urbanisme non opposables.

Une « permacrise » pour l’immobilier
Entre inflation réglementaire, blocages politiques et incertitudes économiques, le secteur immobilier vit ce que l’UNIS appelle une « permacrise ». Mais l’enjeu est clair : sans relance de l’investissement locatif et simplification des normes, la crise du logement continuera de s’aggraver.
Le congrès de l’UNIS a donc été un moment décisif pour confronter experts, élus et professionnels autour de cette question brûlante : Repli ou reprise ? Cet évènement a fait la preuve du dynamisme extrême de ce syndicat majeur de l’immobilier.
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