Tribune libre de Nicolas De Rycker
Nous connaissons actuellement et depuis un certain temps une crise immobilière qui a drastiquement fait chuter le nombre de ventes immobilières (Après un point haut de 1 207 000 transactions mi-2021, le marché est passé à 875 000 transactions en 2023 et a terminé l'année 2024 autour de 770 000 transactions. Cette baisse du nombre de transactions est inédite par son ampleur ; elle est 2 fois supérieure par exemple à celle de 2008), et vu le pouvoir d’achat fortement atteint.
Nous pourrions parler longuement de cette crise, là n’est pas le but de mon propos, chacun et chacune est bien informé de cette crise.
Une autre que peu de monde voit, mais que je commence à ressentir dans mes fonctions d’enseignant universitaire en Licence immobilière est que cette crise détourne des étudiants des formations immobilières. J’ai pu constater à l’Université de LILLE que nous n’avons pu sauver en ce deuxième semestre 2025 l’option promotion de nos licences. Nous avons sauvé l’option transaction et commercialisation sur laquelle nous nous posions des questions. Le BTS historique délivré au lycée PASTEUR de LILLE (historique car étant celui qui avait commencé au lycée VALENTINE LABBEE de LILLE et qui était le premier créé en France) a brutalement fermé son département alternance en décembre dernier. J’ai pu échanger au premier semestre de l’année universitaire avec mon ami Henry BUZY-CAZAUX, créateur et président de L’IMSI (Institut du Management et des Services Immobiliers) qui me disait lui-aussi que les candidatures à l’entrée étaient en baisse sérieuse. Il y a donc aujourd’hui une crise cachée, celle des enseignements immobiliers qui n’attirent plus.
"Une troisième crise immobilière va voir le jour"
Vous me direz peut-être que cela va passer, ce n’est que passager, nous aurons mieux bientôt. Je réponds à cela que si le cap n’est pas remis comme il faut très vite, une troisième crise immobilière va voir le jour, et celle-là, je n’entends encore personne en parler, et pourtant !
Quelle serait cette nouvelle crise ? Eh bien réfléchissons ensemble aux évolutions sociétales actuelles qui veulent que l’on ait créé la loi ZAN, que l’on ait découvert que beaucoup de maires avaient du mal à délivrer des permis de construire, que l’on parle de vendre de plus en plus des jardins pour les transformer en terrains à bâtir, que l’on parle de plus en plus de verticalité (mon ami Henry, encore lui, était récemment à une réunion sur le sujet de la surélévation d’immeubles), que l’on déclare (et ce sont nos représentants et ministres qui en parlent le mieux) que le pavillon à la française est voué à disparaitre ; alors où donc allons-nous ?
" Le nombre de logements collectifs augmente..."
Eh bien il faut se mettre une idée en tête, la proportion de logements individuels vs les logements collectifs va évoluer (En janvier 2021, la France compte 37,2 millions de logements ordinaires, dont 56 % de logements individuels) et commence une lente décroissance concernant les logements individuels (En 2020 et 2021, les logements individuels sont révisés à la hausse (respectivement + 0,4 % et + 0,6 % soit + 600 logements en 2020 et + 900 en 2021) contrairement à l'année 2022 où ils sont révisés à la baisse (- 1,2 % soit - 1 900 logements).
Vous ne me suivez pas ? Petite explication : le nombre de logements collectifs augmente, leur proportion augmente. Ces augmentations sont maintenant inéluctables. Cela nécessite toujours plus de gestionnaires et syndics et en nécessitera des régiments entiers dans un avenir plus ou moins proche là où le nombre de jeunes formés à nos métiers connait une décroissance jamais vue.
" Le service immobilier ne va pas pouvoir suivre."
Petite information, la population vieillit, et celle des syndics et gestionnaires n’échappe pas à ce phénomène et le nombre d’actifs va baisser mécaniquement. La voilà la prochaine crise, le service immobilier ne va pas pouvoir suivre.
Que fait l’Etat face à cela ? il baisse les aides à l’alternance et laisse fermer de nombreuses formations, il crée toujours de nouvelles règlementations qui parfois s’opposent même entre elles et font s’arracher leurs derniers cheveux aux professionnels de l’immobilier Que fait le grand public face à cela ? il dénigre toujours plus son syndic ! Il ne faut pas rêver, si il n’est pas mis un coup de collier pour les formations immobilières très rapidement, la qualité de services va aller en baissant car nos braves syndics et gestionnaires sont comme les autres humains et n’ont que deux jambes et deux bras pour traiter leurs dossiers, dossiers qui vont aller en augmentant.
Conclusion
Pensons donc à ce que nous voulons, ou du moins à ce que nos représentants nous disent penser que nous voulons, pensons que nous ne pourrons assurer une meilleure qualité de services en étant moins, alors simplifions, et encourageons la formation, sinon ce qui parait encore parfois dans les journaux à propos de copropriétés en difficultés ne va plus être épisodique, mais classique.
Vaut-il mieux acheter ou louer son logement en 2025 ? Etude Wüest Partner
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L’année 2024 a été marquée par une baisse des taux d’intérêt, une hausse des loyers et une diminution des prix d’achat des logements. Face à ces évolutions récentes, une étude produite par Wüest Partner en toute fin d’année 2024 s’est intéressée à l’évolution de l’arbitrage entre achat et location. Cette étude analyse les coûts associés à l’achat et à la location dans toutes les communes françaises, et identifie les conditions nécessaires à rendre l’achat avantageux en tant que placement de capital.
Les résultats montrent que la propriété continue d’être plus avantageuse que la location sur la majeure partie du territoire. Dans certaines villes, la location conserve un léger avantage, mais l’écart entre les deux options s’est souvent réduit par rapport à l’année dernière.


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