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Etude SeLoger
Si l’on prend le temps de regarder dans le rétroviseur, d’un point de vue purement immobilier, chaque bien habité vient s’ajouter aux anciens, à chaque étape de vie. C’est cette “multitude accumulée de lieux de vie” que SeLoger a choisi de représenter dans sa nouvelle campagne de marque. L’occasion pour l’enseigne de mener une étude1 auprès des Français2 sur leur lien entre trajectoire immobilière et différentes étapes de vie.
Le départ du logement familial et l’accès à un logement autonome est une étape significative du passage à la vie adulte. Il est attendu et largement souhaité par les jeunes. Ce premier emménagement est vécu comme une étape d’autonomisation et l’occasion de construire son chez-soi. Néanmoins, ces aspirations sont très souvent contrariées par des difficultés qui soulignent la vulnérabilité financière des jeunes et le fonctionnement du marché immobilier qui ne joue pas toujours en leur faveur.
Le parcours immobilier, reflet des étapes de vie de chaque Français ?
Qu’elle soit un long fleuve tranquille ou pas toujours linéaire, la vie de chacun est faite de choix, de surprises, d’événements (plus ou moins heureux), de rencontres, et aussi parfois d’accidents... Autant d’étapes que l’on peut retrouver dans la trajectoire immobilière de chacun. Car si notre existence ne se limite pas uniquement à nos choix immobiliers, ceux-ci sont pour autant révélateurs de nos différentes étapes de vie. Un constat partagé par près de 9 Français sur 10 (89 %).
A en croire les Français interrogés, le parcours immobilier illustre plus précisément la vie amoureuse, puisqu’ils sont 6 sur 10 à la considérer comme le déclencheur d’un déménagement. L’emménagement avec un partenaire (43 %), la naissance d’un enfant (25 %) et un divorce ou une séparation (23 %) sont, en effet, autant de tournants qui provoquent un changement de lieux de vie.
Mais certains changent de logement aussi avant tout pour obtenir un autre confort de vie. Près d'un quart ont déjà déménagé pour bénéficier de plus d'espace ou d'espaces verts (27 %).
À noter que la vie professionnelle n’est pas en reste puisque 3 Français sur 10 (29 %) déménagent à la suite d’un nouvel emploi ou d’une évolution de carrière.
Si la superposition des différents logements occupés permet de retranscrire les différentes strates de la vie de chacun, notre logement actuel correspond-t-il à nos projections enfantines ? C’est un rêve devenu réalité pour 38 % et une quête encore en cours pour 51 % des Français.
Le déménagement - le trait d’union entre ces étapes de vie.
Symbole ultime du changement de vie, quitter le domicile parental représente une étape fondatrice pour beaucoup. S’il a lieu à 21 ans en moyenne en France, il existe des disparités selon les régions : en Île-de-France, quand l’âge moyen est de 22 ans, il est de 20 ans dans le Sud-Ouest. Cependant, près de 2 Français sur 10 (17 %) retournent vivre chez leurs parents après cette étape.
Quel qu’en soit le déclencheur, le déménagement représente une nouvelle étape de leur vie pour plus des deux tiers des Français (70 %) et même une renaissance pour 8 % ! En moyenne, les Français ont déjà déménagé plus de 4 fois (68 % ont déjà déménagé 3 fois ou plus). Là aussi il y andes différences selon les territoires. Les habitants de la région parisienne déménagent moinsnsouvent que les habitants du Sud-Ouest (3,8 vs 5,3 fois en moyenne).
Ce nouveau chapitre génère de nombreux sentiments dont les 3 principaux sont la joie (66 % se déclarent heureux de déménager), l’impatience (57 %) et la nostalgie pour près de 4 Français sur 10 (39 %). Une nostalgie qui s'explique en partie par l'impression, en quittant un logement, de laisser derrière soi un quotidien, des habitudes (53 %). Seuls 13 % déclarent qu'il ne s'agit que de murs et qu'ils ne ressentent aucune émotion en déménageant.
3 QUESTIONS À EMMANUELLE MAUVAYE
Maîtresse de conférences en sociologie, IUT de Rennes, département carrières sociales, Université de Rennes , chercheuse au laboratoire Arènes.
Quelle symbolique revêt le premier emménagement pour un jeune qui quitte le domicile familial ?
Le départ du logement familial et l’accès à un logement autonome est une étape significative du passage à la vie adulte. Il est attendu et largement souhaité par les jeunes. Ce premier emménagement est vécu comme une étape d’autonomisation et l’occasion de construire son chez-soi. Néanmoins, ces aspirations sont très souvent contrariées par des difficultés qui soulignent la vulnérabilité financière des jeunes et le fonctionnement du marché immobilier qui ne joue pas toujours en leur faveur.
Que recherchent principalement les jeunes qui décident de vivre en colocation ?
Leur décision repose bien sûr sur des impératifs économiques et la nécessité de dépasser la complexité de l’accès au logement autonome (relative fermeture du marché immobilier, coût du logement, précarité économique, mobilité). Mais la colocation apparait aussi comme une solution apportant des avantages relationnels indéniables (soutien, lutte contre la solitude) à un âge de la vie marqué par la construction de soi.4
Peut-on dire que le phénomène des enfants boomerang - qui retournent vivre chez leurs parents – est symptomatique de notre société actuelle ?
Ce phénomène souligne effectivement les difficultés qu’ont les jeunes à accéder et à se maintenir dans un logement autonome. Des travaux sociologiques montrent néanmoins des types de retour très différents : celui d’étudiants qui, dans la continuité de leur parcours, reviennent à la fin de leur cursus ; celui de jeunes, qui, à la suite d’un accident de vie (rupture amoureuse, perte d’emploi) sont brutalement confrontés au marché du logement et adoptent une stratégie de repli vers le logement familial; et celui de ces jeunes qui utilisent la maison familiale comme un tremplin pour rebondir vers une autre expérience. Néanmoins, tous ces retours montrent l’importance du soutien familial dans ces parcours.3
Notes
- Étude YouGov réalisée en février 2025 auprès d'un échantillon de 2005 personnes représentatives de la population française de 18 ans et plus.
- Étude Yougov réalisée en France, auprès de 1031 personnes représentatives de la population française de 18 ans et plus, du 07.02.2025 au 10.02.2025.
- Recherche menée à Rennes avec Virginie Muniglia, Emilie Potin et Céline Rothé. Ref : Maunaye, E., Muniglia, V., Potin, É. et Rothé, C. (2019) . Le domicile familial comme ressource ? Expériences de recohabitation dans les transitions vers l’âge adulte. Revue française des affaires sociales, (2), 143-166
- Recherche réalisée avec Patricia Loncle. Ref : Loncle, P. & Maunaye, E. (2021). Les pratiques de colocation des jeunes de classe moyenne : des stratégies résidentielles d’affirmation de soi dans un contexte d’incertitude ? Lien social et Politiques, (87), 84–103 et Recherche menée avec Christophe Giraud (Université Paris Cité) -rapport remis à l'injep - intitulée : "Vivre ensemble en coloc. Sociologie de la cohabitation entre jeunes adultes"
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