cristina uruc

Dans l’almanach de Florence Petros : Cristina Uruc : L'art du management au service de la musique (Festival Enescu)

Propos recueillis par Florence Petros

Cristina Uruc est une figure de proue de la gestion artistique en Europe, reconnue pour son expertise dans l'organisation de grands événements culturels. Son parcours est intrinsèquement lié à Artexim, l'institution qui organise le prestigieux Festival et Concours International George Enescu, un des événements majeurs de la musique classique mondiale.

Son engagement auprès d'Artexim a débuté en 2007, où elle a gravi les échelons pour devenir aujourd'hui Manager par intérim. Grâce à ses années d'expérience, elle a acquis une connaissance approfondie de la production de concerts et de la gestion d'artistes, ce qui a été déterminant dans le développement international du festival.

En mai 2025, la carrière de Cristina Uruc a pris une nouvelle dimension avec son élection à l'unanimité en tant que Présidente de l'AEAA (European Association of Artist Managers). Cette nomination à la tête d'une association de référence témoigne de la reconnaissance de ses pairs et de l'alignement de son travail avec la mission de l'AEAA, qui promeut l'excellence et l'innovation dans le management d'artistes à travers l'Europe.

Son rôle de manager d'Artexim la place au cœur des préparatifs du Festival International George Enescu, dont la 27e édition, sous la direction artistique de Cristian Măcelaru, s'annonce comme un événement majeur. Entre 24 août au 21 septembre 2025, cette édition rendra hommage au 70e anniversaire de la disparition de George Enescu, avec la participation de près de 4 000 artistes et de plus de 80 ensembles venus de 28 pays, affirmant ainsi le statut du festival comme l'un des plus prestigieux au monde.

enescu festival

Un festival
UN DIALOGUE

"Le Festival n'est pas seulement un événement, c'est un dialogue mondial où la Roumanie devient l'hôte d'une communauté artistique internationale unie par la même langue universelle : la musique."

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La 27e édition du Festival Enescu rend un vibrant hommage au 70e anniversaire de la disparition du compositeur. Comment cette commémoration influence-t-elle la programmation et l'esprit général de l'événement ?

Cristina Uruc : Cette édition revêt une profonde signification symbolique, car elle marque les 70 ans de la disparition de George Enescu, une figure incontournable non seulement de la culture roumaine, mais aussi du patrimoine musical universel. C'est un moment de réflexion et de célébration, et cette commémoration a considérablement influencé la sélection du répertoire ainsi que le concept général signés par Cristian Măcelaru, directeur artistique du Festival Enescu.

Le programme a été conçu pour mettre en lumière l'œuvre d'Enescu dans toute sa complexité, des pièces bien connues comme les Rhapsodies roumaines, le Poème roumain et Œdipe, à des œuvres moins souvent jouées, mais d'une valeur extraordinaire. Nous avons souhaité que ces œuvres soient interprétées par les orchestres et les chefs les plus prestigieux du monde, afin de restituer leur puissance et leur universalité devant un public international.

En parallèle, nous avons jugé essentiel de relier l'héritage d'Enescu au présent et à l'avenir de la musique. C'est pourquoi Cristian Măcelaru a passé des commandes spéciales à des compositeurs contemporains, les invitant à créer des œuvres inspirées de l'univers sonore d'Enescu ou de ses idées artistiques. La commémoration n'est donc pas seulement un hommage, mais une invitation au dialogue entre les générations, entre tradition et innovation.

L'esprit général du festival est empreint d'une profonde gratitude, mais aussi d'une projection vers l'avenir. Enescu n'est pas seulement un repère historique, mais une source inépuisable d'inspiration pour les musiciens, les mélomanes et tous ceux qui croient au pouvoir de l'art de transcender le temps. Cette édition ne se contente pas de regarder en arrière, vers la mémoire du grand compositeur, mais aussi vers l'avant, vers de nouvelles formes d'expression artistique qui perpétuent sa vision.

Parmi le vaste répertoire de George Enescu, quelle est l'œuvre qui vous touche le plus personnellement, et selon vous, qu'est-ce qu'Enescu représente pour l'identité culturelle de la Roumanie, au-delà de sa musique ?

Cristina Uruc : Personnellement, c'est l'opéra Œdipe qui m'impressionne le plus. C'est une œuvre monumentale, tant sur le plan musical que conceptuel, par la complexité et la profondeur de son message. Cette année, Œdipe sera représenté au programme du Festival par l'orchestre de l'Opéra national de Bucarest. Il s'agit d'une production visionnaire, mise en scène par Stefano Poda et dirigée par Tiberiu Soare, avec une distribution exceptionnelle composée de certains des artistes lyriques les plus talentueux du moment, présents à Bucarest spécialement pour cet événement. On y retrouve notamment le baryton Ionuț Pascu dans le rôle d'Œdipe, la mezzo-soprano Ruxandra Donose dans le rôle de Jocaste, la mezzo-soprano Ramona Zaharia dans le rôle du Sphinx, Vazgen Gazaryan (le Grand Prêtre) et Paul Curievici (Laios).

Au-delà de ses compositions, Enescu est un symbole de l'universalité de la culture roumaine. C'était un artiste visionnaire, qui a su allier les racines traditionnelles roumaines aux formes les plus sophistiquées de la musique occidentale, devenant ainsi un ambassadeur de la Roumanie sur les grandes scènes du monde. Pour nous, il représente l'excellence, la modestie et la générosité de l'esprit créatif.

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Votre parcours professionnel a débuté chez Artexim en 2007. Comment votre expérience, de vos débuts à votre rôle actuel de manager par intérim, a-t-elle façonné votre vision de la production musicale ?

Cristina Uruc : J'ai eu la chance de grandir professionnellement au sein de ce festival dès l'âge de 19 ans, sous la tutelle de l'une des figures les plus importantes de l'impresariat et de l'organisation d'événements internationaux en Roumanie : Mihai Constantinescu, directeur d'Artexim des années 90 jusqu'en 2021. J'ai ainsi eu l'occasion de comprendre, étape par étape, ce que signifie la construction d'un projet culturel d'une telle envergure. Des détails techniques et logistiques aux négociations internationales et aux stratégies de communication, chaque étape m'a offert des leçons essentielles. Aujourd'hui, en tant que manager par intérim, je vois la production musicale non seulement comme un processus de transformation d'une vision artistique en réalité, mais aussi comme un acte de responsabilité envers le patrimoine culturel, le public et les artistes. La collaboration avec le maestro Cristian Măcelaru, le directeur artistique du Festival et du Concours Enescu, représente l'une des plus grandes opportunités de développement professionnel et personnel, tout en contribuant à consolider le prestige international de cet événement unique.

Cristina Uruc

Une communauté artistique
POUR LA MUSIQUE

"Cette connexion, tant au niveau artistique que médiatique, est le seul moyen de maintenir la pertinence de la musique classique et d'assurer sa continuité pour les nouvelles générations. Le Festival n'est pas seulement un événement, c'est un dialogue mondial où la Roumanie devient l'hôte d'une communauté artistique internationale unie par la même langue universelle : la musique."

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Le festival accueille des musiciens de 28 pays. Comment favorisez-vous la collaboration internationale et quelle est, selon vous, son importance pour l'avenir de la musique classique ?

Cristina Uruc : La collaboration internationale est l'un des piliers fondamentaux du Festival Enescu. Dès ses débuts, cet événement a été conçu comme une plateforme de rencontre entre artistes, orchestres et publics du monde entier, et aujourd'hui, cet objectif est plus pertinent que jamais. Grâce à des partenariats solides avec des institutions internationales prestigieuses et en invitant les plus grands orchestres et solistes, le festival crée un espace de dialogue culturel authentique où les traditions des différentes écoles d'interprétation se rencontrent, se complètent et se réinventent.

Dans un monde en constante mutation, la musique classique a besoin de ces passerelles entre le passé et l'avenir, entre tradition et innovation. Le Festival n'est pas seulement un événement roumain, mais une référence sur la carte culturelle mondiale. Pour renforcer cette position, nous accordons une attention particulière à notre présence dans les médias nationaux et internationaux : nous invitons des journalistes de Roumanie et du monde entier, leur offrant un accès aux concerts, des entretiens avec les artistes et des expériences qui reflètent le caractère unique du festival. Ainsi, le message et la valeur du Festival Enescu sont transmis à un public mondial, renforçant l'image de la Roumanie comme un centre culturel vibrant et pertinent.

Cette connexion, tant au niveau artistique que médiatique, est le seul moyen de maintenir la pertinence de la musique classique et d'assurer sa continuité pour les nouvelles générations. Le Festival n'est pas seulement un événement, c'est un dialogue mondial où la Roumanie devient l'hôte d'une communauté artistique internationale unie par la même langue universelle : la musique.

En tant que nouvelle présidente de l'AEAA et manager d'Artexim, comment conciliez-vous ces deux rôles exigeants, et quelles synergies voyez-vous entre ces deux responsabilités ?

Cristina Uruc : C'est, en effet, un défi, mais aussi une opportunité unique : la Roumanie, par le biais d'ARTEXIM, est membre de l'AEAA depuis 31 ans. Pour la première fois depuis mai de cette année, nous assurons la présidence de l'Association, et Bucarest accueillera également pour la première fois l'Assemblée générale des membres de l'AEAA en mai 2026. Ces deux rôles ont en commun l'objectif de soutenir l'excellence dans la musique classique et de créer des plateformes de dialogue entre artistes, impresarios, institutions et public. La synergie réside dans le fait que l'AEAA offre un réseau international à travers lequel nous pouvons promouvoir les musiciens roumains à l'étranger et créer des collaborations entre les orchestres roumains et les artistes internationaux, contribuant ainsi à diversifier les saisons de musique classique sur l'ensemble du territoire national. En parallèle, grâce à Artexim, nous avons la possibilité d'intégrer le paysage musical mondial dans la réalité culturelle roumaine. Ensemble, ces rôles me permettent de développer, avec les membres de l'AEAA et d'Artexim, des projets intégrés, de consolider la position de la Roumanie en tant que centre de la scène culturelle internationale et de créer un impact à long terme pour la communauté artistique.

Florence Petros
Florence PetrosContributrice
Florence Petros
Florence PetrosContributrice
Spécialiste communication, relations presse et relations publiques – Culture et musique classique

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